REPRESENTATIONS


Nicolas FROELIG
Isabelle CHABALIER
 
 

L’attention portée aux représentations ainsi que la volonté pédagogique de les prendre en compte est une attitude assez récente. Et pourtant si on omet de s’appuyer sur les représentation des élèves, on risque de renforcer les représentations (ou conception ) fausses qui font obstacles au savoir nouveau.
Avant d’aborder un apprentissage, les élèves ont déjà des idées sur les savoir qu’on va leur enseigner. C’est à travers celles- la qu’ils essaient de comprendre les propos de l’enseignant ou qu’ils interprètent les documents fournis. Si l’on ne tient pas compte de ces conceptions déjà là, si on ne les fait pas expliciter, le savoir proposé glisse généralement sur l’élève. c’est en confrontant ses propres conceptions avec des informations nouvelles qu’un apprenant s’approprie véritablement des connaissances.

Définitions :

MEIRIEU et GIORDAN, 1990 :
« conception que le sujet a à un moment donné, d’un objet ou d’un phénomène »

DENIS, 1989 :
« Les représentations constituent des modèles intériorisés du sujet et de ses actions dans l’environnement. Guide interne, ces modèles sont utilisables par l’individus comme source d’informations sur le monde, et comme instrument de régulation et de planification de ses conduites » ( image mentale, étiquetage verbal)

JODELET, 1989
Représentations sociales : « produit et processus d’une activité mentale par laquelle chacun reconstitue le réel et lui attribue un sens spécifique. Le processus d’élaboration s’effectue dans un environnement en fonction de valeurs sociales qu’il tient de son groupe d’appartenance sociale »

CHATILLON, 1988
«  tout type de substitut mental utilisé pour évoquer, imaginer, schématiser des objets, des processus passés, à venir ou actuellement présent »

Représentation et Apprentissage :

Point de vue
Les représentations sociales et cognitives des élèves guident leurs actions.

Argument 1 :
les représentations influence le comportement des élèves

JAMIESON, 1974
Selon les représentations (positives ou négatives) que les élèves ont de l’enseignant, ils auront des comportements et des résultats différents.

BENARD, revue EPS n°280, 1999
Expérience qui met en évidence les représentations des élèves : détente, objectif de santé, note au BAC, progresser en sport…  (27% détente, 26% hygiène, 17% pour progresser dans APSA, 15% santé)

LEFEVRE, revue EPS n°248, 1994
Questionnaire sur le rôle de l’EPS, le choix des sports et quoi noter ?
L’EPS est à 90% appréciée, 35% considèrent qu’elle a une utilité sur le maintien de la santé, la notion de performance est pour les élèves secondaire, ils rejettent toutes les courses, lancers et la danse …

GUISGAND revue EPS n°259, 1996
L’engagement dans une APS dépend de la représentation ( liée à une pratique antérieur ou non) que l’on s’en fait et du milieux social.

GIORDAN, revue EPS n°279, 1999
« les élèves possèdent un certain nombre d’idées, de façons de raisonner ou de se comporter et l’apprentissage d’un savoir dépend de ces idées »

Argument 2 :
les représentations des élèves peuvent être un frein à leur action

Enquête du ministère de l’éducation nationale, 1985-1986
Les filles ont une aversion pour les APSA relevant d’une logique de combat corporel
Les garçons sont distants des APSA à dominante expressive ou artistique

DURET, 1995, lexique thématique
Activité volley-ball : représentation initiale des élève = smash
L’enseignant aura la possibilité de faire construire le VB comme une activité collective ou la défense est aussi importante que l’attaque

GIORDAN, 1989
« Apprendre c’est transformer, restructurer ses représentations. »

MEIRIEU «l’école, mode d’emplois »
Il dit que tout apprentissage ne peut se faire s’il l’on ne se rattache pas aux représentations naturelles de l’élève après les avoir fait émerger.

Représentation des élèves et des enseignants.

Point de vue :
La prise en compte, par l’enseignant des représentation des élèves est fondamentale dans son enseignement.

Argument 1:
L’enseignant a la possibilité de choisir le mode d’entrée dans l’activité en fonction des représentations des élèves, liées au sexe

programme cycle central 10/01/97
des décalages de représentations et de mobiles peuvent se creuser selon les appartenances sociales et les différences de sexe et d’âge »

cycle gymnastique 4ème 3ème
Les filles sont plus dirigées vers le versant esthétique, alors que les garçons se tournent vers celui acrobatique.

ROCHEX
« Partir de leur représentation afin de mieux s’en éloigner »

FOUQUET, 1990
Identification des représentations initiales de nos élèves par rapport à leur âge, sexe, niveaux, réussite. Identifications des outils, des procédures à mettre en œuvre pour transformer ces représentations initiales en représentations fonctionnelles plus élaborées et adaptés

BOUITIER et DAVIS, in « méthodologie et didactique de l’EPS » Ed. AFRAPS, 1989
Interroge des jeunes de la 6ème à la 1ère avant un cycle de rugby : ils s’exprime en employant des jugements de valeurs (dur, violent, …). Ces jugement diminuent avec la pratique, au profil de jugements portant sur les qualités que cette APS peut développer. (coopération, concentration, solidarité…)

argument 2 :
Il existe un décalage entre  les représentations des enseignants et celles des élèves.

FAMOSE (1989)
Distinction entre le but prescrit et le but effectif, ce dernier est celui que se redéfini ou se représente le sujet.

GILLY, 1980
«  L’enseignant privilégie, dans sa représentation de l’élève, les aspect cognitifs de la personnalité de l’enfant et ses attitudes morales face au travail. L’élève au contraire est plus sensible aux qualité humaines et relationnelles de l’enseignant qu’aux qualité didactiques. »
 

évaluation et représentation

point de vue
Les représentations croisées des enseignants et des élèves influencent l’activité des uns et des autres.

Argument 1 :
Rôle que peuvent jouer les attentes des élèves sur la conduite des enseignant

DORVILLE, 1987, revue STAPS
Questionnaire à des élèves de terminale (garçons et filles) sur les représentations qu’ils ont de leur professeur d’EPS et les représentations du professeur idéal. L’information en retour tend à améliorer les comportements des enseignants d’EPS, vus à travers la perception qu’en ont les élèves.

Argument 2 :
L’évaluation faite par l’enseignant est souvent fortement influencée par les représentations qu’il se fait de ses élèves.

JACOBSON et ROSENTHAL, 1968, « effet pygmalion »
L’élève devient ce que l’enseignant pense de lui ( influence des représentations de l’enseignant sur les élèves)
Il existe une interaction entre l’enseignant et l’élève qui n’est pas neutre. Cette relation développe des préjugés positifs ou négatifs. En fonction de ceux ci l’élève sera plus ou moins performant.

LANDY et SIGAL, 1974 « beauty is talent »
Des enseignant évaluent la même copie avec pour une premières moitié une photo d’une jolie fille et pour l’autre une photo d’une fille qui n’est pas jolie.
Rst : note meilleure pour la jolie fille, plus la copie est mauvaise et plus l’écart de note est importante, il y a des différences selon l’âge et le sexe de l’enseignant.

DURAND : évaluation de gym
Des enseignants évaluent la prestation d’une fille sans voir son visage. Dans un deuxième temps l’évaluation se fait à visage découvert pour la moitié d’entre eux (groupe A), pour le reste du groupe (groupe B) ils évaluent à visage découvert mais enlaidit.
Rst : une différence de note selon les enseignants note du groupe A supérieure à celle du groupe B (reprise de l’expérience de LANDY et SIGAL)

FAGOT, 1993
Fait l’étude de comportements des professeurs d’EPS par rapport à leurs élèves
Les profs valorisent ceux dont ils ont une bonne impression, S’adressent plus aux garçons.